Charlie Cunningham en solo au Gesù : parenthèse acoustique, comme au bon vieux temps

COMPTE RENDU — On a suivi Charlie Cunningham de passage au Gesù pour deux concerts acoustiques en solo à l’occasion du Festival international de jazz de Montréal.

On ne change pas les bonnes habitudes. Tous les deux ans maintenant, on retrouve Charlie Cunningham pour son passage à Montréal. La dernière fois, c’était avec son groupe au Théâtre Beanfield. Cette année, on est gâté, le Britannique joue deux soirs d’affilée, en solo au Gesù dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

Les sons de l’amphithéâtre souterrain

Une belle journée de fin juin à Montréal dont le quartier des spectacles vibre depuis plusieurs semaines aux sons des festivals qui s’enchaînent. Ce dimanche après-midi, on file à vélo avenue du Parc dans une salle qu’on n’avait jamais eu la chance de visiter. L’amphithéâtre du Gesù a des airs de grotte avec ses gros poteaux en pierres qui soutiennent à bout de pierres la structure d’une église au-dessus, tout ça à deux pas de la rue Ste-Catherine, grosse artère commerçante de Montréal.

À l’intérieur, les techniciens s’activent déjà. C’est le temps du soundcheck pour Charlie Cunningham qui commence par le piano (à queue le chanceux !) après avoir géré une petite urgence de communication d’horaire. Il se laisse même aller à une impro, s’excuse, tandis que Les, son tour manager et ingé son s’occupe des balances dans la salle. Rapidement, il passe à la guitare. Plus de guitare, plus de voix, plus de réberb’, moins de retour, moins de voix finalement… Tout ça poliment. C’est fou combien on n’entend rien quand on se tient sur la scène par rapport au son feutré et intime depuis le public. En revanche, lorsque l’annonce officielle du concert et des partenaires est testée dans les amplis, cela fait sursauter tout le monde. Et rire. 

Fraîcheur et ravissement

Soundcheck check. La guitare repart dans la loge. On part discuter avec Charlie dans les coulisses assez basses de plafond, où le haut de sa tête touche presque le plafond. (L’interview arrive bientôt sur le blog). La veille, Les et lui étaient à Chicago. Sacré trajet. Montréal est leur dernière étape avant de repartir quelques semaines à la maison, et finalement revenir en août du côté des Rocheuses. À l’automne il sera de retour en Europe, entre Danemark, Allemagne et Suisse.

On part de notre côté se prendre un Americano glacé, pour profiter du beau temps. On écoute Louis Mutate Grand Ensemble qui jam sur la Place des festivals et on reprend le chemin du Gesù. Les deux spectacles sont à 18h pétantes et au Québec, les concerts commencent à l’heure. Le Gesù affiche complet pour cette première soirée. Le public est à la fois excité tout en étant extrêmement à l’écoute. En arrière, Charlie Cunningham fait quelques vocalises et joue des portions de chansons pour se chauffer.

Le son de la salle se marie parfaitement bien avec le set épuré de Charlie Cunningham. Lui qui parle parfois à côté de son micro entre deux chansons. Il débarque sur scène en parlant de la chaleur et d’être bien au frais pour la prochaine heure avec nous. On est dans un cocon de fraîcheur. Une parenthèse acoustique à point pour le corps et l’esprit.

Charlie Cunningham comme dans le bon vieux temps

Les interventions de Charlie Cunningham sont charmantes : réservées, pince sans rire, jamais vulgaires. Comme lorsqu’il se remémore ses souvenirs montréalais. La fois où ses musiciens et lui ont été bloqués par Greta Thunberg qui donnait un discours, ou lorsqu’il s’est empoisonné avec du poisson juste avant de monter sur scène (lorsqu’il jouait avec Lucy Rose en 2018). Puisque seulement deux personnes sont venues les deux soirs (Charlie les remercie), il va pouvoir se répéter un peu avec la veille. Montréal est une de ses villes préférées tout de même, et il annonce qu’il sera probablement de retour en solo dès l’automne prochain. Si ça nous tente, on est les bienvenus, lance-t-il. (you bet!)

Le public bien qu’attentif ne cache pas son enthousiasme lorsqu’il reconnaît les premières notes d’anciennes chansons. Quel plaisir de le revoir en solo ! Comme dans le bon vieux temps du Pop-Up du Label. Et de ses quatre EP qui sont devenus pour nous une institution. Chaque note, chaque tapping sur la guitare, chaque mot résonnent d’une façon plus brute, plus directe, droit au cœur. Les introductions et rythmiques flamenco ou les dernières notes à peine frottées nous émerveillent. Les setlists des deux spectacles sont quasiment similaires à quelques changements et interversions près. 

L’ange et le nuage

Le “Grand Piano” (à prononcer avec un accent britannique) lui permet de jouer une interlude instrumentale (“Water Tower”) et “a Moment” extraites de son dernier album In Light. Non sans gène d’avoir un magnifique piano à sa disposition. Un ange passe. Le set acoustique rouvre la porte à d’anciennes chansons : “Headlights”, “While You Are Young”, “Telling It Wrong”, “Blindfold”, “Permanent Way”, “An Opening”, “Minimum”. C’est “You Sigh” qui clôt le spectacle officiellement (mais Charlie prévient le public qu’il lui reste plus que quelques chansons en amont). Mais, c’est en fait “Lights Off”, classique, qui clôture son rappel. Il ne le prend pas pour acquis, on n’est jamais sûr de rien, glisse-t-il en revenant, sourire en coin. 

Il est 19h10. La lumière se rallume, la parenthèse se referme. Il fait encore jour et chaud à l’extérieur de la salle. Retour à la réalité. Une réalité festive : le Festival de jazz bat son plein, les touristes envahissent le centre-ville, le soleil commence à décliner. Deux soirs parfaits, on est sur notre nuage. Vivement l’automne prochain.

Suivez-nous sur notre compte Instagram pour voir plus de photos !

Photos : Emma Shindo