Laura Sauvage : “Mon dernier album est né à cause de ce gros con qui gère les États-Unis”
INTERVIEW – À l’occasion du MaMA Festival, on a discuté avec très rock Laura Sauvage. Elle nous parle politique, girl power et apparitions d’ovni.
La toute première fois qu’on a vu Vivianne c’était à Limoges, à l’occasion du festival des Francophonies du Limousin, alors qu’elle jouait avec ses deux comparses des Hay Babies. Depuis, Vivianne a fait du chemin et est pour un temps devenue Laura Sauvage. Laura Sauvage c’est du rock garage, un peu crado et complètement authentique. Avec ce projet, la jeune Canadienne se livre intimement, et expulse son trop-plein d’énergie en grattant les cordes de sa guitare électrique. Elle y décharge ses sentiments et ses incompréhensions du monde. Après un premier EP sorti en octobre 2015, American Submarine, et un premier album, Extraordinormal, en mars 2016, elle sort un deuxième album, The Beautiful. On a profité de sa venue à Paris pour le MaMA Festival pour lui poser quelques questions sur cette rage qui l’habite. Elle nous explique.
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Rocknfool : Tu viens de sortir ton deuxième album solo, The Beautiful. Qu’est-ce qu’on y trouve qu’on ne trouvait pas dans Extraordinormal ?
Laura Sauvage : Pour The Beautiful, c’était ma première fois à la réalisation. Je trouve que tu entends la différence. Il y a aussi beaucoup de keyboards, de mellotron, de cordes, des synthétiseurs. On a un autre batteur. Il a été écrit à partir de séquences : par exemple on a pris des sons au McDo, quand on jouait au flipper. On a fait des messages subliminaux, notamment pour la première chanson, “Everything Is In Everything” : c’est la même en répétition et elle tourne en boucle.
“Je trouve qu’il n’y a pas assez de femmes qui réalisent leurs albums”
Qu’est-ce qui t’a poussée à t’occuper de la conception à la production de ton album ?
C’était un rêve pour moi depuis l’âge de 12 ans de réaliser des albums. Et puis je trouve qu’il n’y a pas assez de femmes qui le font. Ça me tente d’en réaliser d’autres aussi, pour d’autres artistes. Je prévois de faire mes erreurs sur ma propre musique pour apprendre, puis être prête pour les autres (rires).
Depuis que tu as pris le nom de Laura Sauvage, tout est allé très vite : un EP, deux albums…
Le déclencheur c’est que j’avais une plateforme pour enregistrer. Mais c’est depuis que je suis assez jeune qu’écrire fait partie de mon quotidien. Donc je n’avais vraiment pas envie de tergiverser, j’étais motivée pour en faire un, puis un autre, etc. Pour le prochain je vais peut-être attendre un peu parce qu’avec mon autre groupe, les Hay Babies, on est sur un nouveau disque.
Tu écrivais déjà pour toi des choses plus rock quand tu étais sur la route avec les Hay Babies ?
Oui, j’écrivais souvent mais ça ne correspondait pas forcément avec les Hay Babies.
Laura Sauvage, comme son nom l’indique c’est très animal, plein de rage et de hargne. D’où te vient cette colère ?
Le projet est très cynique, très sarcastique et on a une attitude je-m’en-foutiste. Le dernier album est né à cause de ce gros con qui gère les États-Unis, dont on ne va pas donner le nom. Nous au Canada on n’a pas de contrôle sur son élection, mais comme c’est un pays frontalier, on va finir par en subir les conséquences. Donc c’est normal d’être un peu enragée à propos de tout ça. Il n’a pas de parole, il est complètement fucked up, c’est le plus grand criminel de notre génération. On est vraiment en train de vivre quelque chose de dégueulasse, qui est humainement pas correct.
“Ce n’est pas moi qui vais empêcher le public de se lever !”
Peut-être que ce qui est arrivé aux États-Unis, fait sonner l’alarme dans les autres pays. J’ai l’espoir que les autres peuples qui auront à voter le feront en ayant conscience du pouvoir d’une voix.
Absolument, il ne peut pas y avoir quelqu’un de pire que lui, sauf son vice-président. Mais on venait juste de sortir de l’ère Obama, le premier président noir, qui avait un cœur et des sentiments. Et puis maintenant, ce gros con qui prévoit des massacres… Il n’y a pas beaucoup d’espoir.
Ton dernier clip, “Alien (Anything Like It, Have You?)”, est sorti le mois dernier, tu peux me parler de ce titre ?
“Alien” n’est pas à propos d’alien mais plutôt d’ovni. Il parle de ma mère et ma grand-mère qui ont toutes les deux déjà vu un ovni à deux différentes occasions. Moi je n’y étais pas, donc je ne peux rien confirmer, mais je les crois. Je trouve ça fascinant. Je rêve de voir un ovni moi aussi un jour. C’est donc une chanson à propos de cette façon de voir l’ovni, mais avec 20 ans d’écart. Et puis il y a aussi l’histoire de la mère d’un de mes amis dont le chien se serait fait embarquer par un ovni, à la toute fin ça change de bord.
Pour le MaMA tu joues aux Trois Baudets, une salle très feutrée, où les gens sont assis, pas tellement rockn’n’roll. Comment vas-tu faire pour l’apprivoiser ?
Je ne vais rien changer. On a fait un soundcheck cet après-midi, et c’était vraiment cool parce que la personne qui faisait le son est une femme, elle s’appelle Justine et ça s’est super bien passé. On ne va rien changer au show, si les gens veulent être assis ils resteront assis mais ce n’est pas moi qui vais les empêcher de se lever (rires).
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Propos recueillis le 19/10/2017 par Jeanne Cochin.