Décibulles 2021 : danser, danser, danser avec Hervé et Altin Gün
FESTIVAL – Après une nuit de rock aux Décibulles, place à une nuit de danse avec la révélation masculine française Hervé et la sensation turco-néerlandaise Altin Gün.
Difficile de se motiver ce jour-là pour aller danser. C’est qu’avec la pluie de la veille, la voix en vrac, l’allergie au foin et l’annonce de nouvelles pluies pour le soir, tenir à nouveau 3 concerts les pieds dans la boue n’était pas une perspective des plus réjouissantes. Étrangement, c’est l’annulation du concert de Suzane qui nous a convaincu de nous bouger. Son remplaçant Etienne de Crécy n’étant pas dans nos priorités absolues, cela nous garantissait un retour moins tardif des Décibulles. Et grand bien nous en a pris.
Révélation bretonne en terres alsaciennes
Parce qu’Hervé n’est pas la révélation masculine de l’année pour rien. Si pour beaucoup, il a été l’artiste du confinement, celui qui apportait lumière énergie, il est également le nom qu’on entend sur toutes les lèvres depuis Mélancolie F.C. Et surtout depuis la sortie de Hyper, son premier album acclamé par les Victoires de la Musique. Je n’avais pas encore eu la chance de le voir sur scène, et je ne faisais pas partie des personnes totalement acquises à sa cause qui peuplaient la crash barrière. J’étais là en totale neutralité et avec beaucoup de curiosité.
Et j’ai été scotchée. Oui, ok, sur album, on comprend vite le concept de “chanson électro” qu’Hervé défend. Mais c’est seulement sur une scène, qui plus est de festival au fin fond de l’Alsace, qu’on en prend toute la mesure. Le côté chanson, d’abord, assurée par cette voix. Cette VOIX. De celle qui convoque tout un tas de références qu’elle efface aussi sec, pour finir par hanter ta soirée. Oui, on peut citer Bashung pour la façon de chanter, on peut s’étendre sur la naïveté des jeux de mots qui pourtant fonctionnent diablement bien. Mais à la fin, c’est la voix qui reste. Un truc doux et qui frotte. Un truc aérien qui tranche.
Dancefloor aux Décibulles les pieds dans la boue
Ca tranche avec la musique. Avec la batterie. On en parle de la batterie ? Le combo acoustique électronique et cette grosse caisse prennent le dessus sur le corps, irrémédiablement. Le côté électro d’Hervé est en grande partie là, du moins niveau énergie. Cette énergie que seul un dancefloor peut réellement procurer, quand tu es noyée par le bruit et l’envie de remuer. Et c’est ce qui finit par arriver au public entier, forcément. Impossible de résister à la musique, impossible de rester à la joie de l’artiste, sincèrement heureux de faire de la musique devant des gens sans masque, sous un ciel clément, à l’opposé de la Bretagne où il se trouvait encore deux jours auparavant. Un artiste qui ne tient pas en plus, dont le corps est tout entier tendu vers nous, dans un besoin d’extérioriser tout ce qu’il y a de possible. Y a pas de mot pour dire à quel point ça fait du bien.
Altin Gün a suivi sous un ciel un peu plus menaçant. Après une découverte live à la route du Rock, le début du concert me laisse un peu perplexe. Ils étaient plus joyeux dans mon souvenir. Est-ce dû au 2e album, Yol, sorti cette année, peut-être un peu moins lumineux et plus profond ? Avec moins de saz et plus de claviers, peut-être… Heureusement, les visages se dérident progressivement, à mesure que la foule adhère et se montre plus expressive. Et à mesure que les ponchos de pluies sortent des sacs, le public devient une vague ondulante colorée sous le ciel gris. A la fin, pari gagné. Ça danse, ça sourit, ça s’embrasse. C’est un peu ça, la magie d’Altin Gün.
P.S. : 90% des photos de ce soir aux Décibulles ont été perdues dans une manoeuvre malencontreuse. Sorry pour le manque de diversité…