INÜIT : “Notre premier concert était une fête de potes à la campagne”

INTERVIEW – Rencontre pleine de bonne humeur et interview punchy avec Inüit à l’occasion de la sortie de leur premier EP et de leur Release Party parisienne.

Quelques heures avant leur Release Party parisienne, je rejoins cinq des six Inüits dans le bar du Badaboum (Simon arrivera sur la fin de l’interview). Ils sont arrivés le midi à Paris et enchaîneront avec leur repas pré-concert. Ils viennent présenter Always Kevin, leur premier EP. Après quelques interruptions folkloriques, on finit par se poser dans le très confortable salon marocain, où Pablo (trombone/percu), Rémy (synthé), Coline (chant), Pierre (sax/percu) et Alexis (synthé basse) se mettent à l’aise avec Perrier tranche, coca, limonade et menthe à l’eau. C’est parti pour l’interview des premières fois !

Premier instrument ?
Pablo : Le trombone, que j’utilise toujours.
Rémy : Le piano pendant trois à quatre ans, puis le saxophone.
Coline : Le violon, puis le piano que j’ai gardé comme instrument.
Alexis : Je crois que tout petit je tapais sur un petit djembé (les autres rient) c’est pas des conneries ! Et après un piano.
Pierre : Je n’ai pas fait d’école de musique, donc j’ai commencé par la guitare comme n’importe quelle personne qui apprend la musique tout seul, puis après d’autres instruments.
Pablo : Et Simon qui n’est pas là a commencé, je crois, par la batterie.

Premier projet de carrière ?
Pablo : Cow-boy sur la lune. Parce que j’avais deux bds : Tintin chez les cow-boys et Tintin sur la lune. Je devais avoir 3-4 ans.
Coline : C’est trop mignon ça… Je ne m’y attendais pas du tout. Quand j’étais petite je disais que j’allais devenir intermittente du spectacle.
Pierre : Tu as réalisé ton rêve !
Coline : Pour moi c’était un truc de malade ! Avoir mon projet musical aussi.
Rémy : En primaire, je ne sais pas pourquoi, je voulais être avocat. Car quand tu es avocat tu as un costard et tout.
Pierre : J’aimais bien la science et je crois que je voulais devenir programmeur informatique, puis un jour j’ai fait un stage et je n’ai plus jamais voulu être programmateur.
Alexis : Je voulais être joueur de foot. J’ai fait des stages, j’ai été repéré par le centre de formation du FC Nantes et je me suis rendu compte que je ne voulais pas être joueur de foot. Ça m’a dégoûté, c’était trop intense pour un gars de 13 ans. Ensuite je voulais être pro-gamer ! Et après musicien.

Premier gros crush musical ?
Alexis : Quand j’étais petit, en CM1-CM2, je me disais que ressentir des trucs à travers la musique n’était pas hyper “bonhomme”… mais il y avait Shaggy et “It Wasn’t Me” et cette chanson me faisait un truc. C’est celui-là mon premier crush non-avoué, après il y en a eu d’autres !
Pierre : L’album Americana de The Offspring au collège.
Coline : Je pense que c’était Tom Waits. J’ai aimé beaucoup d’autres artistes avant mais je me souviens que lorsque je l’ai découvert ça m’a vraiment fait kiffer.
Rémy : Au collège aussi, j’écoutais Fun Radio et des chansons un peu “lounge”, notamment St-Germain et “So Flute”. Ça faisait un peu jazz et ça faisait danser, ça m’a trop parlé. J’ai trop kiffé !
Pablo : Ça a été un peu tard, au lycée, même si j’ai aimé beaucoup d’artistes avant : le truc qui m’a le plus marqué dans mes découvertes musicales c’était la collaboration d’Alva Noto et Ryuichi Sakamoto.

À LIRE AUSSI >> La folie douce d’Inüit au Badaboum (Release Party)

https://youtu.be/r7YZqD7dZcQ

Premier CD acheté avec vos sous ?
Pierre : Ça peut être honteux, c’était forcément un single de NRJ, un deux titres, genre en 6e, mais je ne me souviens plus de ce que c’était.
Alexis : Ah je sais ! Le deux titres “In Da Club” de 50 Cents, et pour moi c’est toujours une grosse tuerie.
Coline : Le premier CD que j’ai acheté c’était Aurora d’Avishai Cohen à la sortie du lycée.
Rémy : 16 Pièces d’Hocus Pocus quand j’étais au lycée.
Pablo : Je n’ai pas le souvenir d’avoir acheté de CD… On m’a tout offert je crois.
Rémy : “On m’a tout donné” (rires) !
Alexis : Il y avait une médiathèque avec une pure sélection de CDs à côté de là où j’habitais quand j’étais petit. Pendant ma Terminale j’ai dû emprunter tous les CDs pour les mettre sur mon ordi. J’ai découvert des tas de trucs géniaux, comme Burial. Il y avait aussi plein de John Zorn, Fred Frith, c’était trop bien. Tellement bien que plus tard, je leur ai offert un CD qu’il n’avait pas.

Premier poster ?
Coline : (rires) Bob Marley, et j’en avais plein !
Rémy : J’avais un magazine qui s’appelle T’chô, avec Titeuf, Lou et tout plein de bds. Dans chaque magazine il y avait un poster, du coup j’avais tous les posters des T’chô !
Pablo : Moi c’était une carte des étoiles qui était au-dessus de mon lit, je l’avais eu dans un GÉO.
Coline : J’ai ça encore aujourd’hui…
Alexis : Un truc de foot… Je pense que c’était un poster de Ronaldinho (tout le monde rit).
Pierre : Avec Shaggy derrière !
Alexis : Thug life !
Pierre : J’avais une énorme affiche du Hellfest que j’avais volée dans un abribus, très très grande !

Première répète d’Inüit ?
Pierre : C’était l’été, il faisait très chaud…
Coline : Août 2015, dans une toute petite salle de répète.
Alexis : Il y avait des travaux dans notre salle principale, du coup on était dans un tout petit machin. On jouait la porte ouverte.
Rémy : On jonglait dehors-dedans, dehors-dedans.
Alexis : C’était une période charnière car on allait jouer aux Transmusicales et il fallait qu’on écrive. On s’était enfermés comme ça trois semaines en studio pour écrire plein de tracks. À la fin août on devait en avoir six de finies.

Premier studio ?
Pierre : C’est dans notre local de répétition, là où a enregistré la majorité de notre EP.
Coline : Avec Grégoire Vaillant.
Pierre : C’était un studio à Nantes où on a produit les premiers titres d’Inüit, les premiers qui sont sortis.
Pablo : En même temps que le passage aux Transmusicales.
Alexis : On a fait ça le jour pour le lendemain.
Pierre : On a enregistré un titre avec Grégoire, puis on a été plus autonomes. C’était une super expérience.

Première scène ?
Pablo : La Petite Teuf !
Coline : Dans la campagne, autour de Nantes.
Alexis : C’était une fête organisée par des potes de potes en mode bon enfant. Et pour nous c’était un super moyen de tester nos nouveaux morceaux parce qu’on n’avait pas du tout de set complet. Ça s’est grave bien passé, on a eu un pur accueil ce qui nous a beaucoup motivés à continuer !
Coline : On a rejoué au moins trois fois les mêmes morceaux. C’était vraiment cool !
Alexis : Limite on les a tous joués deux fois…

“Notre première partie pour Jabberwocky était pleine d’énergie, mais peu maîtrisée.”

Première première partie ?
(ils discutent)
Pierre : Je pense qu’en co-plateau, c’était Jabberwocky.
Alexis : C’était au Jam, à La Chapelle-sur-Erdre.
Coline : J’ai réentendu les enregistrements façade du concert et souffle
Alexis : C’était les débuts quoi !
Coline : C’était plein d’énergie et peu maîtrisé en fait, et je parle beaucoup pour la voix, je me souviens bien (rires).

Première interview ?
Coline : Je dirais aux Transmusicales sûrement…
Alexis : En décembre 2015.
Rémy : La toute première c’était deux copines à nous qui faisait un report aux Trans. Puis ça s’est enchaîné.

Premier catering de dingue ?
Coline : Pour moi c’était à Annemasse quand il avait neigé, c’était un végétarien, il avait fait du soja, une soupe au curry et c’était une tuerie !
Rémy : À Annemasse au Château Rouge c’était un cuistot de dingue.
Alexis : Il y a aussi le meilleur petit dej à Bruxelles.
Rémy : L’hôtel de dingue !
Alexis : Il y avait 20 mètres de dénivelé de bouffe ! (rires)
Pierre : Avec un combi-Volkswagen dans le réfectoire où il y avait un stand à gaufres que tu pouvais faire toi-même.
Alexis : Et des nuggets pour le petit dej !
Pablo : Tout ce que tu pouvais vouloir manger y était.
Alexis : Et Pablo a juste pris un verre d’eau avec de la menthe.
Pablo : J’avais un peu trop bu la veille… Je suis dégoûté d’avoir raté le meilleur petit dej qu’on n’ait jamais fait.
Coline : On aime beaucoup manger…

Premier livre qui vous a marqué ?
Pablo : Là pour moi c’est honteux : Les Mondes d’Ewilan. Un roman pour enfants que j’ai lu au collège, et d’une traite. Je l’ai relu il n’y a pas longtemps et c’était très mauvais.
Coline : La Rivière à l’envers de Jean-Claude Mourlevat. C’était aussi un des premiers livres que je finissais à fond, j’étais passionnée. J’ai encore des images dans ma tête que je me faisais du livre.
Rémy : Je ne suis pas un grand lecteur, mais au collège j’avais lu Harry Potter et la Coupe de feu. Et j’avais triché parce que j’avais vu le 1, 2 et 3 au cinéma, puis je m’étais cassé le bras et je n’avais rien d’autre à faire dans la cour que lire un livre. En lisant ce livre là je me suis dit “ok, c’est bien de lire en fait !”. Après j’ai tout lu, même la pièce de théâtre.
Pierre : Les Harry Potter aussi, mais le 1, 2 et 3. J’ai commencé dans l’ordre !
Alexis : Quand j’étais petit, genre en CE2, c’est un bouquin qui s’appelle L’Inventeur, je ne sais plus de qui c’est. C’était trop bien écrit, pour les enfants. À un moment le gars allait dans l’espace et croisait une espèce de sirène qui vendait des loukoums. Je ne savais pas du tout ce qu’était un loukoum, je me disais que ça avait l’air ouf. Plus tard j’en ai mangés… ça avait l’air plus ouf dans le livre !

Première chose que vous faîtes en montant sur scène ?
Coline : Notre secret check !
Alexis : Ça ressemble à un cri de guerre un peu, un peu comme un haka, mais plus court, juste en trois mouvements.
[Simon le 6e membre du groupe se joint à nous ndlr]

Première chose que vous faites en sortant de scène ?
Coline : Ça dépend de comment s’est passé le concert. On se tape dans les mains, on se fait un check !
Rémy : On se fait des câlins généralement.
Pablo : On se dit “cool” en se tapant dans les mains. Et après on débrief.
Pierre : Quand c’était bien on se le dit, et quand c’était nase on se dit “ah c’était vraiment nase”.
Coline : De toute manière, si c’était nase, ça sort direct, “il y avait ça, et ça…”. On ne peut pas attendre !
Rémy : Il y a les anecdotes du concert aussi. Parfois il se passe des choses qu’il ne se passe pas habituellement.
Coline : Des choses que je n’ai pas vues…

“Parfois on se marre sur scène, mais avec les voisins. Quand il s’est passé un truc, il n’y a que celui d’à côté qui a entendu !”

Premier gros fou rire sur scène ?
Alexis : Il y a eu des moments où on s’est marrés, mais en secret !
Simon : On n’a pas déjà eu un fou rire Rémy ?
Rémy : Oui, ça me parle. Un truc de faux départ !?
Coline : Moi ça ne peut pas trop m’arriver car vu que j’ai des oreillettes, je suis face scène, je ne vois personne… et avec le son dans les oreilles je ne peux même pas les entendre discuter entre eux, même si je sais qu’il se passe des choses. Peut-être qu’ils se foutent de ma gueule (rires)
Pablo : On a des sourires entre nous.
Alexis : Parfois on se marre, mais avec les voisins. Quand il s’est passé un truc, il n’y a que celui d’à côté qui a entendu (rires).
Pierre : Plus dans le camion…
Rémy : Parfois on peut avoir un fou rire collectif quand il se passe quelque chose dans le public, une personne qui dit une connerie… mais je n’ai pas de souvenirs précis.

Première chose que vous auriez aimé que je vous dise ?
Coline : “Salut ça va ?”
Pierre : “Bonjour” déjà ça aurait été bien ! (ils rient)
[je leur ai effectivement bien dit tout ça ndlr]
Alexis : Que tu nous payes une bière !

Inüit sera en concert le 14 juillet aux Francofolies et le 25 août à Rock en Seine.

Merci aux 6 Inüits, et à Jennifer H.

Propos recueillis par Emma Shindo (c) crédit photo

À LIRE AUSSI >> “Always Kevin” : la pop sauvage d’Inüit, dans un 1er EP remarquable