10 choses à savoir sur Oli Féra
ENTREVUE — On a voulu en savoir plus sur Oli Féra, dont “Femme Flamme”, le second EP, vient de paraître.
On a découvert Oli Féra lors des Francouvertes 2025. C’est elle qui ouvrait le bal des préliminaires et on a été captivé par son univers pop-rock cinématographique maîtrisé, qui nous a fait penser à du Niagara version québ’. Si elle ne s’est malheureusement pas qualifiée pour les demi-finales du tremplin (à notre grande tristesse), Viola Ferrando de son vrai nom, a déjà un beau palmarès à son compteur. Lauréate du Festival international de la chanson de Granby et du concours Ma première Place des arts en 2022, Oli Féra a également été sélectionnée pour le programme des Escales en chanson de Petite-Vallée 2025.
Grâce à l’aide financière du Festival de Granby, elle a pu sortir il y a quelques jours son second EP, réalisé par André Papanicolaou. Femme Flamme ce sont cinq chansons qui restent en tête et qui nous donnent l’impression d’être les héros de nos propres films. Oli Féra y aborde des sujets personnels, quête de soi, relation amoureuse qui se délite, coming out… On a voulu mieux connaître Oli Féra. Rencontre avec une artiste lumineuse à l’énergie débordante.

Oli Féra aime rechercher les mots…
“À la base, je viens d’une famille anglophone. La musique francophone, et l’écriture en français sont arrivés plus tard dans mon cheminement. Entendre les textes et les mots choisis a toujours été très important pour moi. Car, si tu prends la peine d’écrire un texte ou une histoire, c’est pour que les gens l’entendent. J’écris un peu tous les jours et je trouve ça vraiment le fun d’aller à la recherche des mots. Parfois il y a des mots que je n’utilise même pas dans la vie de tous les jours. J’aime explorer leurs sens. Jouer avec les sonorités est quasiment aussi important que ce qui est dit : je vais toujours privilégier le sens à la sonorité. Si je dois scraper une rime parce qu’il y a quelque chose d’important que je dois dire dans le texte, je vais le faire.”
… et leurs significations.
“Je suis curieuse de la langue et des mots, et je vais souvent aller sur Internet voir des dictionnaires de synonymes. Je peux passer une bonne heure à passer des listes de mots et me dire que ça sonne bien même si je ne les connaissais pas. Puis aller chercher leur sens. C’est un de mes petits plaisirs ! Aucune de mes tounes ne contient le mot capharnaüm qui est une sorte de chaos de bruits, de tonnerre… Mais, si je disais dans mes chansons “le chaos du bruit de la foule”, ça ne serait pas la même chose que dire “le capharnaüm de la foule”. Il y a quelque chose de mordant dans ce mot.
Je suis autant inspirée par l’univers de Fred Fortin, d’Antoine Corriveau, de Klô Pelgag et de VioleTT Pi. Ce sont des gens qui ont une façon de tourner la langue française hyper intéressante. C’est très québ’ mais ils recherchent les images et les surprises. Ils n’ont pas peur de choisir des mots qu’on n’emploie pas forcément dans le langage courant.”
Elle assume sa noirceur.
“On est à l’ère des réseaux sociaux où tout le monde va super bien… en apparence. Il y a, pour moi, un non-sens dans la musique à faire semblant que tout va bien, en tout temps. Je vais extrêmement bien de nos jours, je suis un rayon de soleil, mais j’ai un passé assez lourd. Je trouve ça important d’être transparente et authentique à travers ma musique notamment car une noirceur existe en moi. Cette noirceur m’a habitée et m’habite toujours.
Le fait de pouvoir en parler sans gêne et sans filtre est très important. C’est plus une réaction aux gens qui sont mal à l’aise d’exprimer le fait qu’ils ne vont pas bien. Ces gens qui se sentent coupables d’être sombres alors qu’ils devraient bien aller. Dans mes chansons je fais attention à toujours avoir un petit silver lining, un petit filet d’espoir. Cette noirceur, on va l’assumer ensemble et ça va bien aller.”
Sa musique est cinématographique.
“Chacune de mes chansons est comme un petit court-métrage. C’est très important pour moi de construire et de jouer avec ces atmosphères, comme dans “Pick Up Truck”. Je me voyais en plein milieu du désert en train de jouer la chanson en acoustique. Avec une scène de drone qui part du personnage et recule très rapidement pour que tu vois petit à petit l’entièreté du paysage. C’était vraiment cet effet que je voulais créer avec cette chanson. De passer de l’intimité au grand nulle part ! J’essaie d’appliquer cet effet cinématographique à mes chansons et j’espère que ça sera encore plus le cas dans le prochain album. Mais ça, ça sera dans longtemps !”
Oli Féra a besoin de recul pour écrire des chansons personnelles.
“Je sais que pour certains artistes la musique à un côté thérapeutique, mais dans mon cas, il faut d’abord que j’aie fait la paix avec la chose avant d’écrire à ce propos. Je n’ai pas besoin d’écrire une chanson pour passer à autre chose. J’ai d’abord besoin de faire le deuil des événements et d’avoir pris du recul pour ne pas ensuite me dire que “ça va mal mais j’espère que ça ira mieux” une fois que je dois écrire. Je préfère plutôt écrire “moi aussi je suis passée par là”, et avoir une touche d’auto-dérision et d’espoir. Sur ce disque il y a des chansons qui sont inspirées de situations qui me sont arrivées en 2016 !”
Elle veut faire vivre des émotions à son public.
“Ça va faire bientôt deux ans et demi que je suis complètement sobre. Je n’avais pas réussi à écrire une chanson sur le processus de sobriété avant de complètement être sobre. Ma chanson “Vivante” est un coup de poing dans ma gu**** pour me dire d’arrêter de consommer de l’alcool, mais je ne l’ai pas écrite quand je buvais ! Ce recul est vraiment nécessaire pour approcher mes chansons avec une certaine maturité. Ensuite, vient le défi sur scène de se réapproprier et de réinterpréter ces chansons-là pour que le public puisse éventuellement passer à travers le même processus. Si je vois un artiste en larme sur scène à cause d’une de ses chansons, je vais ressentir full d’empathie. En tant qu’interprète, mon rôle n’est pas de susciter de l’empathie mais de faire vivre des émotions au public à travers mes expériences vécues dans un espace sécuritaire. Du moins c’est ce que j’essaie de faire ! (rires)“
Oli Féra ne veut pas abandonner ses anciennes chansons…
“Dans le métier qu’on fait, on est obligé de se réapproprier nos propres chansons. Quand je chante des chansons de mon premier EP (Les amours chronophages, 2023), je ne les chante plus pareil qu’à l’époque. Je pense à quelque chose de plus récent auquel je peux les rattacher. Certaines chansons vont même changer de signification au cours du temps, c’est bien de ne pas les abandonner. En tant qu’auteure-compositrice-interprète-entrepreneuse, j’ai plein de chapeaux. Quand j’écris mes chansons je ne pense pas à l’interprète. Je sépare beaucoup ces chapeaux-là.”
… ni trop penser à son prochain album.
“En ce moment je me dis qu’il ne faut pas trop penser à comment je vais réussir à sortir mon prochain album, ni à quoi il va ressembler. On va espérer que ça ne sera pas dans 15 ans ! Je suis en train de composer des affaires juste dans le but d’avoir du matériel. Il ne faut pas écrire pour essayer de plaire et de s’insérer dans l’industrie musicale, car ce n’est pas comme ça qu’on va sortir les choses les plus vraies. Une fois que j’aurai sorti des bonnes chansons, alors je jaserai avec le moi-entrepreneuse et le moi-gérante.”
Oli Féra adore la scène.
“Faire de la scène, c’est mon plus gros dada ! On a un bel été qui s’en vient car j’ai la chance d’avoir été sélectionnée pour les Chansonneurs de Petite-Vallée. On a cinq spectacles de prévus dans ce cadre-là. Il y a aussi huit beaux autres shows bookés de façon indépendante, notamment certains à Montréal en duo avec Anna (Annabelle Gagnon) ma claviériste. Je suis tellement contente d’avoir organisé cet été-là et d’aller jouer dans différents endroits, comme en Gaspésie ou au Festival d’été de Québec avec les Chansonneurs. Ça sera d’ailleurs mon premier FEQ (le 13 juillet) ! Je sais que la réalité du développement de public est assez lente, et que tu ne peux pas faire des concerts toutes les semaines, mais j’adorerais ça ! Il y a des bibittes de studio mais moi j’en veux encore plus !”
Elle va lancer Femme Flamme et il y aura des surprises.
“On a enregistré Femme flamme en novembre 2023. Ça fait un bout ! Je suis contente que l’EP soit sorti et existe enfin ! J’avais sorti une chanson à l’automne (2024) et une chanson avant les Francouvertes mais le processus est long. Je n’ai que deux EP qui existent et 90 minutes de spectacle à faire. Au lancement on va jouer deux chansons du premier EP, le deuxième EP au complet et des chansons jamais dévoilées. Ces chansons-là il faut venir au lancement pour les découvrir car on ne les entendra plus pendant au moins deux ans !”
Lancement de Femme flamme au Verre Bouteille (Montréal) en co-plateau avec LeRoux le 27 mai 2025. Autres dates à Montréal : le 4 juin aux Sessions véranda du Verre Bouteille, le 6 août à la place Kate McGarrigle, le 13 août à BioTerre et au placottoir Iconoglace.
Crédit photo : Myriam Arseneau
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